POESIE Appel à écriture mars 2015
Ecrire « sur » une œuvre d’art ? Une gageure que certains habitants du territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines, mais aussi d’ailleurs, ont accepté de relever pour le plaisir de participer à ce nouvel Appel à écriture, que la Maison de la Poésie, la médiathèque Saint-Exupéry et la ville de Voisins-le-Bretonneux ont lancé dès janvier de cette année.
Le support en était des photographies à la limite de l’abstraction de Christian Jeannot, exposées à la médiathèque.
Pourquoi écrire ? Serait-ce que l’image ne se suffirait pas à elle-même ? Non . Ce doit d’abord être un plaisir, une envie, un choix. C’est une invitation Il n’y a rien à gagner que de savoir son texte lu, peut-être affiché, peut-être publié dans une fine plaquette avec les autres textes retenus.
Adultes, adolescents et enfants ont participé. Ont osé. Qu’ils soient remerciés.
Ainsi que l’artiste qui a bien voulu que des mots soient posés sur ses photographies.
Jacques Fournier
Directeur de la Maison de la Poésie de Saint Quentin-en-Yvelines
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Comme un fétu de paille Comme un fétu de paille qui virevolte et voltige, comme un brin de folie ou un vent de révolte, il faut que je m’en aille … Comme un grain de poussière ..Qui bondit et s’arrache, qui se détache du sol, comme un point sur un i il faut que je m’envole… Comme un frisson de l’âme qui respire et tressaille, comme une eau qui jaillit et me dit de partir, il faut que je m’en aille … Camille T. Voisins-le-Bretonneux Vagues à l’âme Au ciel léger, Pur et limpide, Enlacé le vide. Mur-mures du silence… Sombres présences Du passé Déchirante, ton absence En nos danses Teinte de flamme Mes vagues à l’âme Il ne reste de toi Que des lambeaux de joie Rouillée Martine C. Elancourt |
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J’écrirai sur ma peau Un jour j’écrirai directement sur ma peau le stylo directement retourné dans ma chair Un jour j’écrirai avec un couteau Un jour je n’aurai plus besoin d’écorce pour garder la face je m’ouvrirai le ventre et j’irai voir là où ça se défait où ça se détruit où il n’y a plus d’image là ou dans la fente du ventre détruit de Beyrouth l’enfant qui cherche son ballon rouge est plus fort que les bombes Un jour pour m’évader je me servirai de ma prison Danielle M Paris |
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Clown blanc Imaginé Clown blanc grimé, Enfariné, Tout momifié. Souffler, jouer, Trompette bouchée, Pétard mouillé, Part en fumée Démystifié, Débobiné, Rouleau vidé Pour s’amuser. Papier gâché, Froissé, fripé, Pas ramassé : Forêt souillée. Revisité Démaquillé : « Respect bafoué, Foulé au pied » Du doigt montré, Flashé, zoomé, Numérisé Médiatisé Et c’est … Bien fait Danielle Voisins-le-Bretonneux. |
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Artefact Au capitaine de Saint-Exupéry Directeur de la médiathèque et des Découvertes OBJET : Lettre trouvée dans les fouilles post-atomiques de la ville de ParisDes bandes de tissu-papier rigide, ocre, couleur de l’encre noire, semblent écrites par un autochtone de la ville de Poissy à une jeune femme de l’Amérique du Nord. Nous pensons avec de nombreux linguistes avoir à faire à un homme de 45 ans écrivant à une jeune femme actrice dans ce que les êtres d’hier ont appelé « cinéma ». L’homme semblait amoureux, sentiment désuet à notre époque, mais d’actualité lors de la vitrification des grottes de cette capitale. Certains mots citent l’ancienne Union Soviétique et un combat qui aurait eu lieu en l’an de grâce 2050. Nous allons encore travailler dessus pour voir si nous ne trouvons pas une date précise afin de dater ce cataclysme nucléaire. Ci-joint une photo de l’artefact que nous avons surnommé : Œuvre n°4 Monsieur le Directeur de la Médiathèque, Cadran 8, nous vous tiendrons informé lors des prochaines fouilles. SALUTATIONS COSMIQUES PROF. CHRISTIAN JEANNOT Klod Bois d’Arcy Etincelle de vie Une cascade de couleurs, Orange, jaune, presque rouge, Donne l’impression que le soleil A brûlé les feuilles des champs. Dans ce décor de splendeur Où presque rien ne bouge Une toute petite merveille Pousse d’un vert éclatant. Quand tout parait mort Une étincelle de vie revient encore. Nathan C. 9ans ½ Toussus-le-Noble |
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Les Plis sèment… Les Plis sèment… Froissées, les plis de la chemise Froides, le contact de l’acier sur la peau brûlante Rudes, le mûr dressé de main de maître sur l’horizon Pâles, l’odeur de terre mouillée au pied du navire échoué Ocres, la saveur incertaine du sel sur le bois gémissant Fauves, les yeux retardés par le souffle du vent criant dans l’inconnu L’errance des hommes dans la ville Tu regardes impuissant la muraille qui fuit Tu t’éloignes impassible de l’abri ouvert sur l’avenir Tu prétends imperturbable savoir qui tu es sur le chemin Tu bouscules impatient la porte de la mémoire Tu égorges imprudent le fil ténu de la richesse Tu meurs improbable sur le jour qui se couche Partance vers l’infinie solitude des ruines La tourmente au creux de la pierre et la pierre qui rit de l’ouragan Raconte-moi Les Palissades Serco A Villiers-Saint-Frédéric Froissements Des chemises pliées en désordre Des vêtements froissés sur un portant Des rideaux sur rails Des cintres imaginaires UN accordéon de toile Papier peint Motifs On distingue à peine une cagoule, peut-être un canot, une raquette ou un chapeau Des rangées de rayures grises, noires, orangées, ocres, marron clair et foncé Un reflet argenté Des plissures noires horizontales, verticales, obliques, couchées par le vent Des bandes de tissus doux ou rugueux en diagonale Des coins, des ombres Une colline de traits Froissements Les voyageurs immobiles Poissy |
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Salade-serpent Cette œuvre est représentée en taille réelle. C’est une salade-serpent qui allait chercher des fruits ou des légumes pour les manger. La salade-serpent mange près de 10 kg par jour ; elle mange surtout des kiwis, des tomates de la salade er des carottes mais aussi tous les autres fruits et légumes. Elle mesure près de 150 mètres et la queue se trouve à près de 10mètres plus loin que ce que l’on voit sur la photo. La salade-serpent ressemble à ce qu’elle mange. Elle est très maligne et elle est très forte. Quentin D. 9 ans1/2 Voisins-le-Bretonneux La Vie Ta jeunesse se déploie devant mes yeux. Tu es verte comme la Vie, fraîche comme l’eau d’un torrent. Tes plis se lisseront pour grandir et grossir. Nos corps s’entremêleront, noués par les sentiments. A la fin de la Vie, le cycle s’inversera et le Vide des ténèbres t’emportera. Chloé R. 14 ans St Rémy-lès-Chevreuse |
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Absence Défense Un éléphant est caché parmi les zèbres ! Faites passer ! Car le cornu nous inspecte à notre insu, des pieds à la tête…Un éléphant n’a voulu en faire qu’à sa tête. Une trompe lui a poussé entre les naseaux…La seule chose qui à tous deux, les a sauvés du bannissement de parmi les Trompreux ou les Rayurés, c’était leur manifeste absence Défense… Yves-Marc W. Menglon-en-Diois (Drôme) Les chemins de l’avenir Quand il a commencé à entrer, il a essayé de s’en sortir. Les chemins se sont cassés, il n’a pas pu s’enfuir. Depuis, les chemins se sont salis. La crasse a augmenté et il n’a toujours pas bougé Ce n’est pas un labyrinthe, il existe des sorties. Le temps de les atteindre, il a fini par renoncer. Il préfère demeurer dans ce lieu, voir passer des gens et entendre qu’ils réussissent. Il attend qu’on vienne à lui, le sauver. Il doit s’efforcer, se battre pour poursuivre le bon chemin. Léa D. 14 ans Voisins-le-Bretonneux |
Magnifique! Et les images et les poèmes qu’elles ont suscités. Cette page m’est source d’optimisme. Particulièrement pour les enfants mais pour les adultes aussi. Et me confirme dans une certitude: quand on sait débusquer la poésie dans la matière, on est sauvé du vide de l’existence. Non?